vendredi 28 août 2009

"Un amour exclusif" : au pays du chagrin calme

"Jó kis kutya." Bon petit chien. Mitzi ne comprend que le hongrois. Vera et Istvan ont laissé l'animal à Inge, leur voisine de Copenhague, prétextant un voyage en Allemagne. "Gyere Mitzi." On y va. C'est le dernier voyage, la dernière promenade. Après, ils vont rentrer chez eux pour n'en plus jamais sortir. Les grands parents de Johanna Adorjan se sont suicidés le 13 octobre 1991. Une dose mortelle de somnifères avant de se coucher et de s'endormir la main dans la main. Istvan, à 82 ans, était fatigué et malade. De dix ans sa cadette, Vera était en pleine santé, mais elle n'imaginait pas pouvoir vivre sans l'homme qu'elle aimait. Sur la table de nuit, à côté d'une courte lettre pour les proches, une note, aux mots soigneusement pesés, destinée à la police : "C'est dans l'exercice de notre volonté pleine et entière que nous agissons. (...) Nous n'avons reçu aucune aide extérieure." Avec ce post-scriptum : "Pas de tentative de réanimation, s'il vous plaît." Voilà. Tout est consommé. On les retrouvera deux jours plus tard. Un voisin s'était inquiété. Personne n'avait ramassé les journaux jetés par le livreur sur le paillasson de l'entrée. Le téléphone sonnait dans le vide. Ils avaient laissé les lumières de la maison toutes allumées... Histoire courte d'un long destin qui se boucle. C'était il y aura bientôt dix-huit ans." La suite sur Le Monde des livres
Un amour exclusif (Eine exklusive Liebe), de Johanna Adorjan, traduit de l'allemand par Françoise Toraille, Presses de la cité, 180 p., 19 €.

Lire aussi la critique sur Libération.fr

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