mardi 16 septembre 2014

Les charmes du quotidien par Flora

   En temps de grandes frustrations, de grands malheurs (guerre, exil, maladie, captivité etc.), les choses de la vie quotidienne prennent une importance démesurée, deviennent objets de nostalgie sans bornes. Alors qu'en temps normal, elles peuvent nous plonger dans l'ennui, elles nous pèsent, elles nous entourent, invisibles habitudes mécaniques, voire corvées pesantes, nous donnant l'envie de nous évader pour éveiller nos sens assoupis.
   Depuis 2009, je tiens un journal de bord, écrit à la main dans des cahiers sans lignes ni carreaux. La liberté totale de laisser courir le stylo feutre sur des pages immaculées. J'en suis à mon quatrième cahier de 240 pages. On m'a déjà posé la question pour qui je les destinais. A mes petites-filles, peut-être ? Sans hésitation : avant tout, à moi-même. Si quelqu'un les lit après ma disparition, je l'assume. Tout ce qui y est noté est vrai. Mais tout n'y est pas non plus dévoilé. Il existe des choses indicibles. 
   Pourquoi ai-je commencé si tard cet exercice qui démarre la plupart du temps avec les premiers boutons d'acné ? La réponse est simple: la rencontre avec la mort m'a obligée à essayer de déchiffrer le mystère. Sans succès, bien évidemment. Mais l'envie d’écrire, enfouie sans doute très profondément, a fait surface. La solitude, le face-à-face avec l'inconnue que j'étais pour moi-même a éveillé ma curiosité pour cette terre inconnue à découvrir. Peu à peu, la conscience du temps qui s'enfuit à l'accéléré a fait naître le sentiment d'urgence de le fixer, y compris  -  et peut-être surtout  - dans l'insignifiance du quotidien. Je me donne ainsi une sorte de comptabilité, une sorte de quittance des parcelles de la "peau de chagrin » déjà consommées. Ainsi que l'illusion que ces nombreux jours, je les ai vécus et non pas seulement rêvés...

Rozsa Millet

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